Remarque
préliminaire : je n'ai pas intitulé ce post :" Moi, dimanche 16 octobre, je voterai avec enthousiasme pour François
Holland".
Car
en fait rien ne les différencie sur le plan idéologique. D'abord, comme l'écrit Laurent Maudit dans Mediapart (12 octobre 2012)," tous les deux sont des
enfants de Jacques Delors. Martine Aubry au sens propre. Et François Hollande
au sens figuré, puisqu'il a longtemps animé le club Témoins, défendant en
matière de politique économique les convictions tempérées et libérales de
l'ex-président de la Commission européenne". Ensuite tous les deux ont été
parmi les principaux lieutenants de Lionel Jospin de 1997 à 2002.
Martine
Aubry : plus d'expérience ministérielle que François Hollande ?
Martine Aubry devrait faire preuve d'un peu plus de
retenue, lorsqu'elle rabâche sans cesse, qu'elle a été numéro 2 du gouvernement
Jospin. Elle partage, davantage que son concurrent, la lourde responsabilité
dans les dérives libérales que la gauche a alors connues et qui ont conduit au retentissant échec de 2002 - Petit rappel
pour ceux qui auraient oublié : La soirée du 21 avril 2002 en vidéos.
Martine
Aubry : plus "à gauche" que François Hollande ?
Les différences programmatiques sur les banques, sur
la mondialisation, sur l'économie n'apparaissent qu'à la marge
Certes l'amie d'Alain Minc a visiblement durci sa
position : elle se veut la représentante de la "gauche dure". On ne
peut toutefois pas s'empêcher de penser qu'il y a encore six mois, elle
s'apprêtait à suivre sans broncher les recettes ultra-libérales de DSK !
Martine
Aubry : plus "cohérente" que François Hollande ?
Sur l'école, qui sera un de thèmes majeurs de la
présidentielle, par ex., le débat de mercredi dernier fut assez confus.
Pour Hollande, création de 60 000 postes sur cinq
ans, redoublement interdit (ridicule !)
Pour Aubry, si on a bien compris, il y aura bien
quelques créations de postes, mais elle propose in fine de "déshabiller Pierre pour habiller Paul",
c.à.d. gonfler les effectifs, sans création de postes d'enseignants, dans les
établissements "normaux", pour en réaffecter le surplus restant dans
les établissements "difficiles". Parions que les parents de la classe
moyenne (enjeu de la prochaine élection présidentielle) vont être très
attentifs à la composition des classes : la tentation du privé sera d'autant
plus forte que les Lycées et Collèges des centres villes seront surpeuplés.
Drôle de cohérence ...
Qu'en est-il
de la "laïcité à la française" ?
Sur la laïcité, problème qui touche de plus en plus
les banlieues (cf. site Internet de l'enquête dirigée par
Gilles Kepel), François Hollande,
lors du débat, n'en a prononcé le mot qu'une seule fois. Martine Aubry, pour
cause, n'en a pas parlé du tout. La maire de Lille a, en effet une conception
bien particulière de la "laïcité à la française". Elle est très
proche sur ce sujet d'Éva Joly ou
de Nicolas Sarkozy - qui prônent, l'une, une "laïcité
plurielle", l'autre, une "laïcité positive" (voir : LA LAÏCITÉ : ENCORE UNE VALEUR DE
GAUCHE ? ou Élisabeth
Badinter déplorant, dans un entretien accordé au journal Le
Monde des religions qu'en-dehors de "Marine Le Pen plus
personne ne défende la laïcité").
La maire de Lille, qui ne cache pas son empathie
pour Amar Lasfar,
recteur de la mosquée de Lille Sud, président de la Ligue Islamique du Nord, et
un des meneurs de l'UOIF (Amar Lasfar et Martine Aubry), préfère
esquiver le sujet.
Martine
Aubry : "meilleure candidate" que François Hollande contre Sarkozy ?
Il ne faut pas oublier que la véritable élection aura
lieu dans six mois. Lequel des deux postulants socialistes semble le plus à
même de battre Sarkozy en 2012 ?
Une candidate de la "gauche dure", clivante,
cassante et ressemblant à
l'actuel titulaire de la
magistrature suprême ?
Ou un homme, calme et pondéré, un peu "mou"
, l'exact contraire de Sarkozy, cherchant inlassablement à rassembler ? Car, il sait que l'électorat français
est majoritairement de droite : effrayer le centre modéré, écœuré par le
sarkozysme, serait improductif.
D'ailleurs, l'Élysée ne se trompe pas : L'UMP concentre ses attaques sur
François Hollande, le candidat du "rien" (Titre du Monde du 13 octobre 2011)
Ceux qui croient que le chemin de la victoire au
printemps prochain sera parsemé de roses se trompent lourdement. Le président
sortant aura à sa disposition, lors de la campagne présidentielle, en plus de
l'argent des riches, tout l'appareil de
l'état.
Pour moi, je choisirai donc dimanche prochain, sans
enthousiasme mais avec lucidité, celui qui a le plus de chances de débarrasser
ce pays de Nicolas Sarkozy et de sa clique.
Ce qui ne signifie pas qu'en 2012, au premier tour de
la présidentielle, je donnerai
automatiquement ma voix au candidat socialiste - sauf si le danger d'un
21 avril devait à nouveau se profiler à l'horizon. Qui peut aujourd'hui prévoir
le score de Marine Le Pen ?
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