vendredi 23 septembre 2011

L'Opus Dei : une nouvelle fois sur la sellette



Souvent la presse conservatrice pointe, quelquefois à juste titre, les dérives des islamistes dans notre pays. Il est assez rare qu'elle s'intéresse à celles de l'Église catholique.
C'est pourtant ce qu'ont fait un quotidien conservateur régional, les  DNA  de ce vendredi 23 août, ainsi que 20 mn et Le Point.
Dans un article intitulé : « Je suis la seule à avoir osé porter plainte », on apprend que Catherine Tissier a tenté hier de convaincre le tribunal correctionnel de Paris qu’elle a été exploitée par la puissante organisation catholique, l'Opus Dei (encore appelée "l'Œuvre").
À l'occasion de ce procès inédit, l'Opus Dei se voit ainsi, pour la première fois au monde, épinglée non  seulement pour travail dissimulé, mais aussi pour dérives sectaires.
Il a fallu la ténacité de Catherine Tessier et de ses avocats pour qu'au bout de deux heures d'audience le nom de l’Opus Dei soit cité devant la 31e chambre. Mais rassurons-nous, la puissante organisation catholique ne sera pas poursuivie en tant que telle, bien qu'elle reconnaisse entretenir un lien «pastoral» avec l’Association de culture universitaire et technique (Acut), qui comparaît depuis hier pour «travail dissimulé» et «rétribution contraire à la dignité».
Aux côtés de l’Acut sont jugés deux membres de l’Opus Dei : Claire Bardon de Segonzac, directrice de l’école d’hôtellerie de Dosnon dans l’Aisne, et Agnès Duhail, secrétaire au Centre international de rencontres du château de Couvrelles, deux établissements qui dépendent de l’Acut.
En 1985, Catherine Tessier a 14 ans. son collège l'oriente vers la filière Hotellerie et conseille à ses parents de la diriger vers l’école Dosnon pour y passer son CAP. En fin d’année, elle découvre que l’école «appartient à l’Opus Dei».
Pendant deux ans la jeune fille est confiée à "une directrice de conscience", avant de devenir en 87 «numéraire auxiliaire», en langage opusien chargée des tâches ménagères.
Devenue pratiquante assidue, on l’amène à prononcer ses vœux: «pauvreté, chasteté, obéissance». Avec interdiction d’en parler à ses parents. Ils «étaient devenus le diable» (sic).

Le calvaire de Catherine va durer treize ans, durant lesquels elle sera ravalée au rang de boniche à tout faire 12 heures par jour, 365 jours par an, sans être véritablement rémunérée dans les différents établissements gérés par l'Opus Dei.

En  janvier 2001, elle ne pesait plus que 39 kiolos. À l'insu des opusiens, elle se rend d'urgence chez le médecin de ses parents. "Il m'a expliqué, raconte la jeune fille, que j'étais droguée à très forte dose, avec des neuroleptiques et leurs génériques, prescrits par un médecin de L'Œuvre". Elle quitte alors l'Acut.

Évidemment, les accusées (Agnès Duhail et Claire Bardon de Segonzac) réfutent l'accusation de non-rémunération.
« Tout le monde a été payé (...) C’est la seule à tenir ces propos», a appuyé Claire Bardon de Segonzac.
«Je suis la seule à avoir osé porter plainte», a surtout rétorqué Mme Tissier. «Je connais des gens qui en sont sortis qui disent à la virgule près la même chose que moi».
Plusieurs témoins, dont Blandine Dumont qui a passé sept ans au service de l'Opus Dei, ont dénoncé l’emprise «sectaire de l'Œuvre» sur certains de ses membres, car là-bas, «on donne tout ce que l’on gagne à Dieu via l’Opus Dei».

L’Opus Dei, « pieuvre de Dieu »

Le public connaît mal cette organisation catholique.

Milice religieuse au comportement de secte, héritière d’un anticommunisme militant, puissance à la fois économique et politique, l’Œuvre exerce une influence multiforme sur l’Église, mais aussi sur les pouvoirs temporels, qu’elle cherche à infiltrer. Ainsi il y a eu des proches de l'organisation dans des gouvernements de la France (dans celui de M. Alain Juppé, avec M. Hervé Gaymard, secrétaire d’État aux finances); un ancien premier ministre, M. Raymond Barre, a témoigné au procès de béatification d’Escriva de Balaguer, attestant les « signes de sainteté » du fondateur de l’Œuvre; d'autres ont exercé de hautes responsabilités ministérielles comme M. Philippe de Villiers – il y a un doute - ou Mme Christine Boutin - sans doute aucun - ... Dans le monde des affaires, on cite les noms de M. Claude Bébéar, le patron du groupe des assurances AXA, de M. Michel Albert, ex-patron des assurances AGF et ex-Membre du Conseil pour la politique monétaire de la Banque de France (1994-2003), de M. Didier Pineau-Valencienne, ex-PDG du groupe Schneider et de M. Louis Schweitzer, ex-patron de Renault ex-président de la Halde et actuellement président d'honneur du MEDEF international, etc ... Voir l'article très documenté de François Norman in Le Monde diplomatique de /1995/09/

Fondée en 1928 en Espagne par Jose Maria Escriva de Balaguer, canonisé par Jean-Paul II en 2002, l’Opus Dei (Œuvre de Dieu, en latin), compte 2 000 prêtres dans le monde et 86 000 laïcs, dont 1 600 en France. Elle est surtout implantée en Europe et en Amérique Latine. Si d’autres groupes conservateurs ont bénéficié de l’appui de Jean Paul II, l’Opus Dei est le seul à qui le pape défunt a accordé en 1982 le statut, unique au sein de l’église catholique, de prélature personnelle. Les membres de l’Œuvre sont encouragés à rechercher la perfection spirituelle dans leur vie quotidienne et dans leur travail. Les «numéraires», noyau dur de l’organisation, sont recrutés dans les milieux cultivés et éduqués.
Par le passé, même des évêques s’étaient inquiétés du prosélytisme agressif de l’Opus Dei sur les campus universitaires.

Sources :
Jose Maria Escriva de Balaguer :  http://www.monde-diplomatique.fr/2002/10/

prélature personnelle  : (http://www.opusdei.cd/ssec.php?a=3914





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