mercredi 9 novembre 2011

La Présidentielle de 2012 : une vaste manipulation ?


Crise économique, crise de l'euro, chômage, dette publique, austérité… à l'aube des Présidentielles de 2012, il est utile de rappeler comment ces sujets sont traités dans les médias en vue de maintenir le public dans l'ignorance et la résignation.

Lundi 8 novembre, François Fillon annonce que les Français devront en  2012 s'attendre à un "budget de rigueur", il n'hésite pas à parler de "faillite". En dramatisant ainsi ses propos, Il ne fait qu’appliquer une recette bien connue, attribuée  peut-être à tort à Noam Chomsky- et  que l'on peut aisément trouver sur le Net -, appelée «les Dix stratégies de manipulation de masse».

Noam Chomski
En effet, « "La propagande étant aux démocraties ce que la violence est aux dictatures», Chomsky décrit le machiavélisme nécessaire à la mise en place de ces stratégies, élaborées de longue date par nos hommes politiques, «penseurs» , éditocrates, «économistes distingués», et autres experts. Il s’agit d’un véritable «système d’état», peu importe qui est au pouvoir : chaque gouvernement n’aura qu’à puiser, selon les circonstances, dans l’arsenal des diverses stratégies pour manipuler les opinions publiques des pays «démocratiques». Il va de soi qu’il faut que le contrôle d’une grande partie des médias soit assuré (par la nomination directe ou indirecte des directeurs de la presse écrite, parlée ou télévisuelle, par exemple).

Avec la mondialisation à partie des années 80, les gouvernements nationaux ont perdu de leur influence, "l'état étant devenu un problème" (la formule est de Reagan) : ils sont devenus peu à peu les relais des grands groupes capitalistes, dont les tentacules s’étendent sur tous les pays, y compris en Chine - encore officiellement un état communiste (!).

 Ainsi, la chanson de TINA, «There is no alternative» («il n’y pas d’alternative»), est-elle devenue  l’hymne internationaliste par excelllence.

Ce système a été théorisée par Friedrich Hayek et Milton Friedman et appliqué par Ronald Reagan aux États-Unis (1981-1999), par Margareth Thatcher au Royaume-Uni (1979-1990)), par Gehard Schröder en Allemagne (1998-2005). En France, il s’est poussivement mis en place sous la présidence de Jacques Chirac (1995-2005) et s’est accéléré sous Nicolas Sarkozy.

Sans trop entrer dans les détails, quelles sont ces «dix stratégies de la manipulation» utilisés par les gouvernements-relais pour faire triompher les lois du marché qui ont  pour objectifs la dérégulation de l'économie et, en Europe surtout, l'affaiblissement des états-nations ?

- Source : Pressenza

1. La stratégie de la diversion

Élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l'attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continu de distractions et d'informations insignifiantes. La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s'intéresser aux connaissances essentielles dans les domaines de l'économie, de la science, de la psychologie, de la neurobiologie et de la cybernétique.


2. Créer des problèmes, puis offrir des solutions

Cette méthode est aussi appelée «problème-réaction-solution». On crée d'abord un problème, une «situation» prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu'on souhaite lui faire accepter. Par exemple : laisser se développer la violence urbaine ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté. Ou encore : créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux, le démantèlement des services publics et la mise à contribution des plus pauvres.

3. La stratégie de la dégradation

Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l'appliquer progressivement, en «dégradé», sur plusieurs décennies. C'est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles (néolibéralisme et mondialisation sauvage) ont été imposées depuis les années 1980. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n'assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s'ils avaient été appliqués brutalement.

4. La stratégie du différé

Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme «douloureuse mais nécessaire», en obtenant l'accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d'accepter un sacrifice futur qu'un sacrifice immédiat. D'abord parce que l'effort n'est pas à fournir tout de suite. Ensuite, parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que «tout ira mieux demain» et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s'habituer à l'idée du changement et l'accepter avec résignation lorsque le moment sera venu.

5. S’adresser au public comme à des enfants en bas-âge

La plupart des publicités destinées au grand public utilisent un discours, des arguments, des personnages et un ton particulièrement infantilisants, souvent proche du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-âge ou un handicapé mental.

6. Faire appel à l’émotion plutôt qu’à la réflexion

Faire appel à l'émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l'analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l'utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d'accès à l'inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions ou des comportements. Reprenant les thèses de Milton Friedman, qui  appelait à l’utilisation de ces chocs pour permettre ces réformes, thèse violemment dénoncées par Naomi Klein (in La Stratégie du choc | Actes Sud), le duo Sarkozy-Fillon met en garde les Français : "si nous n'agissons pas énergiquement maintenant, ce sera pire demain pour vos retraites, vos remboursements sociaux,  votre niveau de vie etc ..." Espérant ainsi que la crainte du chaos sera plus forte que l'impopularité, l'exécutif espère renverser la tendance des sondages qui leur est défavorable.

7. Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise

Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. «La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures.» (Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »)
« Il est une chance que les gens de la nation ne comprennent pas notre système bancaire et monétaire, parce que si tel était le cas, je crois qu’il y aurait une révolution avant demain matin » (Henry FORD)

8. Encourager le public à se complaire dans la médiocrité

Trouver «cool» le fait d'être bête, vulgaire et inculte. Croire qu'exister, c'est paraître et posséder.

9. Remplacer la révolte par la culpabilité

Faire croire à l'individu qu'il est seul responsable de son malheur à cause de l'insuffisance de son intelligence, de ses capacités ou de ses efforts. Exemple : les pauvres et les chômeurs, constamment pointés du doigt.
C'est exactement ce que répètent à l'unisson les membre de l'UMP (cf.Wauquiez : L'assistanat, "cancer de la société française") et la stupeur résignée des Grecs - voir  : Grèce : la stratégie du choc .marianne2.fr/hervenathan/Grece-la-strategie-du-choc 28 mai 2011).
Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l'individu s'auto-dévalue et 


Et sans action, pas de révolution…

10. Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes

Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie et la psychologie appliquée, le «système» est parvenu à une connaissance avancée de l'être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. (...)" Cela signifie que, dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes".

C'est la thèse de Naomi Klein (La Stratégie du choc - 1ère Partie, Chapitre 1):
 "Refaçonner les individus, les mettre en état de choc pour les soumettre».


Pour la prochaine présidentielle, toute la stratégie du président sortant repose sur une manipulation à grande échelle : prendre comme argument la Crise qui secoue l'Europe pour s'imposer face à son rival. Il est soutenu et encouragé par tous les grands groupes capitalistes mondialisés : les banques, les Bourses, les agences de notation. La Chancelière Angela Merkel lui sert d'aiguillon. Les relais dans les médias sont en place.

Le Storytelling
        Mais pour gagner une présidentielle, il faudra encore aux candidats « A good story. »
Qui de Nicolas Sarkozy ou de François Hollande (ou d'un autre candidat) aura la bonne histoire à raconter au peuple ?

Nicolas Sarkozy aura quelques difficultés à refaire le coup de 2007, en se faisant passer comme le "candidat de la rupture". Il brodera autour de la Crise qu'il serait le seul à maîtriser. Il se présentera en tant que "protecteur du peuple", face à l'incompétence, l'inexpérience et l'irresponsabilité de son rival. Peut-être arrivera-t-il à convaincre les Français en leur proposant encore "plus de convergences fiscales" avec l'Allemagne, qui passe pour un nouvel Eldorado aux yeux de bon nombre de Français.
François Hollande tentera de raconter aux électeurs qu'il sera un président "normal", plus "juste" que son concurrent dont le bilan social est calamiteux - voir le rapport du Secours Catholique du 8 novembre ici -, bref il souhaiterait "ré-enchanter la France"(sic !). Il se pourrait, cependant, que la Crise  devienne, pour lui, un handicap. Il le sait. Un de ses proches a même confié à un journaliste du Monde : « Le président n’a aucune chance de nous sauver de la crise. Mais la crise, elle, a une chance de sauver le président".

Mais laissons la conclusion à Naomi Klein qui a déclaré il y a quinze jours, lors d'une manifestation sur la côte ouest des États-Unis :


Naomi Klein

”Le capitalisme détruit les systèmes dont il dépend, il détruit les gens qui ne peuvent plus se permettre d'acheter ses produits, il détruit les rivières et l'air.
Ceci est un modèle de fou et cela doit cesser."







Sources :

Médiapart du 01.10.2010 - Ze Rhubarbe Blog
Actuchomage.org du 31.10.1011
+ les mots en gras et en bleu    
+  AgoraVox : le 1.03.2010 :  « La Stratégie du Choc » va encore frapper !"  (Naominoam)



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